Le Lac et le barrage du Paty

Le Lac et le barrage du Paty

A Caromb, on dit « monter au Paty ». Dès les beaux jours, on emprunte la petite route sinueuse et on se laisse gagner par le charme du lieu.

On s’installe à l’ombre des platanes pour déguster un verre de rosé à la buvette ou on taquine la truite. Les familles viennent y pique-niquer alors que les plus sportifs pratiquent la randonnée. La belle saison est rythmée par des rendez-vous incontournables : le bal du lundi de Pâques, celui de Pentecôte puis chaque dimanche, le bal musette. A la fin du mois de juillet, c’est la semaine-tango. Dès l’après-midi jusque très tard dans la nuit, les danseurs s’adonnent à leur passion sur la piste de danse spécialement aménagée à cet effet, au son d’une musique « live » ou proposée par un DJ.

La baignade est autorisée aux heures d’ouverture de la buvette, alors que l’accès au barrage est interdit par mesure de sécurité.

 
Le barrage du Paty

Au XVIII° siècle, sous l’influence des pages, Caromb est, comme le reste du Comtat, en plein essor économique. Le village, lui, tire ses principaux revenus des moulins à blé et de l’agriculture, alimentés par un ingénieux système de canaux gravitaires desservant tous les quartiers, depuis la source du Lauron, située au pied des collines du Paty. Malheureusement en été, cette source se tarissait, les moulins étaient à l’arrêt. Pour ne pas avoir à moudre le blé dans les villages voisins, une première petite écluse fut construite près de centre du village, en amont des moulins, mais cela s’avéra insuffisant. D’où l’idée d’une grande écluse, dont la contenance permettrait de tenir tout l’été. Monsieur Règne, premier consul de la communauté (équivalent du maire) confia le projet à un architecte de Carpentras qui proposa de bâtir une muraille au pied de la colline, soit beaucoup plus bas que le barrage actuel. Le vice-légat d’Avignon, représentant du pape, refusant ledit projet imposa aux Carombais son meilleur ingénieur, le père Morand.

Le projet du père Morand fut beaucoup plus ambitieux. Il proposa de construire le barrage au débouché du torrent des Chaudeirolles, son emplacement définitif. Les travaux débutèrent le 1er juillet 1764 et durèrent deux ans. Malgré un barrage-poids de 16,50 m, la première retenue ne donna pas satisfaction : il y avait trop d’infiltration dans le sol karstique et l’évaporation n’avait pas été prise en compte. L’ouvrage fut rehaussé et quatre ans plus tard il atteignit 21,35 m de hauteur pouvant contenir 256 000 m3 d’eau. Les ouvriers avaient ainsi réalisé l’exploit de transporter au total 10 500 tonnes de matériaux sur une chemin fort escarpé, la route actuelle ne datant que de 1945. Pendant deux siècles, le barrage avait joué son rôle capital dans le développement du village, alors que sa conception restait un mystère.

Lors de la révision décennale de 2003-2004, l’un des secrets de construction du père Morand fut révélé : derrière la pierre taillée, se cachait en réalité un cœur de terre et de cailloux, du tout-venant qu’aucun spécialiste n’aurait imaginé trouver ici.

Actuellement, le barrage est soumis à une visite de contrôles règlementaires extrêmement poussés. D’où un niveau d’eau inférieur à 5 mètres par rapport à la pleine capacité.